5 Juin 2020


Bonjour à tous, 

J'espère que vous allez bien, pour ma part j'ai pris le temps de reprendre mes esprits et de faire la paix avec mes sentiments. Attendre de retrouver un certain calme émotionnel pour venir vous conter ce jour qui a totalement bousculé notre quotidien et ce pour toujours. Il m’aura fallu un mois pour revenir écrire quelques lignes par ici, pourtant j’ai un tas de choses à vous raconter mais les semaines ont filé à une de ces vitesses depuis la naissance de notre bébé. Mais je ne pouvais laisser le blog et vous, chers lecteurs, sans vous partager l'expérience que j'ai vécu lors de mon accouchement. Alors entre deux câlins, je profite d'une sieste pour vous raconter cette journée du 5 Juin 2020 marquée par la naissance de notre petit Lucien à 1h45.


Mon accouchement (presque) naturel 


C'est le 3 Juin 2020 que tout à commencé... C'est le jour où ma poche des eaux s'est fissurée dans la nuit à 3h du matin, mais je n'étais pas certaine que ça soit réellement ça... Je me suis aperçu que j'avais plus de fluide que de coutume : les fuites étaient légères, incolores et inodores. Je n'avais pas de contraction mais tout de suite j'ai su que ce n'était pas habituel car tout au long de ma grossesse, je n'avais eu aucune perte, et encore moins de ce genre. Pourtant je pris la décision d'aller me recoucher et d'attendre le matin afin de voir comment la situation allait évoluer. Au réveil je pris le temps de déjeuner calmement. C'est seulement ensuite que j'ai constaté que la situation n'avait pas changé. J'avais toujours autant de fluide mais les pertes étaient très irrégulières... J'ai donc appelé la maternité, et le service des naissances m'a aussitôt dit de venir à la maternité pour faire un contrôle. Bien sûr, comme je vous l'avais expliqué dans mon article : « La dernière ligne droite », j'ai toujours pensé que mon bébé arriverait après le terme qui était annoncé au 19 Juin. Pas une seule seconde je n'avais envisagé que je pourrais accoucher avec 15 jours d'avance... Et je voulais tellement bien faire mes valises que finalement je repoussais systématiquement le moment de les faire... Si bien qu'à trop vouloir bien faire, elles n'étaient pas prêtes du tout... Je suis de nature pourtant très organisée mais visiblement la grossesse à bouleversé beaucoup de choses en moi... C'est ainsi que je me suis retrouvé la veille de mon accouchement à faire mes valises de maternité, de façon très calme et sans stress : j'ai pris 2h pour établir les 3 valises : Celle de Léo, celle de notre bébé et la mienne. Après quoi je pris le temps de prendre ma douche et de me laver les cheveux. C'est à ce moment que j'ai réalisé que par chance nous étions un mercredi. Léo qui avait repris le travail depuis le lundi 25 Mai n'était pas toujours présent à la maison... Mais heureusement étant professeur des écoles, il ne travaille pas le mercredi, ce qui nous permit de partir tranquillement pour la maternité. Aujourd'hui, je me dis que notre petit bébé avait vraiment bien choisi son jour  A ce moment là nous étions très détendus, et on était quasiment certains qu'on serait de retour à la maison pour la soirée. Je ne me suis même pas retourné une dernière fois pour regarder notre maison. Si seulement j'avais su que je partais pour ne rentrer qu'une semaine après avec notre bébé dans les bras... Nous avons donc entamé les 45 minutes de route qui nous séparaient de la maternité et nous avons même roulé pendant presque 20 minutes derrière un tracteur. Je n'avais toujours pas de contractions et la route fut très agréable. C'est ainsi que mon chéri vu ses rêves de courses contre la montre au volant de son bolide, en mode "Fast And Furious", s'envoler !
On est donc arrivés à la maternité vers 12h30. Là, j'ai tout de suite été prise en consultation. Les sage-femmes Blandine et Agathe, on pratiqué un premier test par bandelette pour analyser si mes pertes étaient bien du liquide amniotique. Ce premier test est ressorti « négatif », sans grande surprise pour moi ; Blandine commençait à me dire qu'il est courant d'avoir des pertes plus abondantes en fin de grossesse et que par conséquent j'allais pouvoir rentrer chez moi, quand Agathe voulut faire un test plus « fiable » et plus poussé , pour être certaine de ne pas me faire rentrer pour devoir revenir ensuite. Ce deuxième test fut « positif », et avec une pointe d'humour dans cette situation très surprenante Agathe me sortit : « Félicitation Madame ! Vous êtes enceinte ! », pour écarter tout doute, on fit un troisième test qui ressortit également « positif ». Agathe me regarda très sérieusement et me dit : « Vous savez ce que ça veut dire ? », je réponds automatiquement « Oui ! Je vais accoucher ! ». A ce moment là, c'est le vide complet dans ma tête : je n'ai pas peur, je ne suis plus surprise, je ne ressens rien... Bizarrement ce manque d'émotion m'a rassuré, car au fond de moi, je le sais, depuis longtemps je suis prête... Prête à vivre ces prochaines 48h et à donner la vie   
Mon col était ouvert à 2, ce n'était pas grand chose mais nous avions bien fait de venir. Blandine part expliquer la situation à Léo qui été resté en salle d'attente et elle l'envoie chercher nos valises. Heureusement que je les avais faites le matin même... Agathe pendant ce temps m'explique qu'ils vont attendre que mes contractions se mettent en place naturellement mais que si le travail n'intervient pas dans les prochaines 48h, alors que ma poche des eaux est fissurée, ils seront obligé de me déclencher. Le déclenchement, je le redoutais énormément, moi qui partais dans l'optique d'un accouchement "naturel" sans péridurale... Le déclenchement était vraiment la dernière chose que je souhaitais... Je n'avais qu'une envie c'était de ressentir une contraction et de voir mon corps répondre naturellement... On m'accompagna dans ma chambre, chambre 1026, la chambre était fraîche et spacieuse, c'était une chambre pour deux personnes mais avec les nouvelles normes pour lutter contre le coronavirus les chambres doubles étaient interdites. Je mis du temps avant de comprendre que j'allais vivre "confinée" dans cette pièce durant une semaine et je vous avoue que j'ai pleuré lorsque Léo m'a dit au revoir à 15h pour rentrer chez nous... J'étais triste de rester ici, seule, sans contraction aucune, avec cette approche de l'accouchement, son départ était comme une punition pour moi. Je pleurais la fin de cette grossesse que j'avais tant aimé et le soir venant, j'ai tentais de dormir en étant toujours attentive à la moindre contraction... mais toujours rien. Au pied du mur, j'essayais d'imaginer ce que seraient mes prochaines 48h. Comment allait se passer mon accouchement ? Est-ce que j'allais être assez forte pour supporter les contractions ? Y aurait-il des complications ? Et si on me propose la péridurale ? Durant la nuit, mille et une questions me passaient à l'esprit... Bien sûr toutes ces questions je me les était déjà posées mais à cet instant couchée sur mon lit d’hôpital tout était différent... C'était fou d'être déjà sur place en surveillance sans possibilité de faire marche arrière avec la seule envie et le seul besoin qui vous colle à la peau, celui de rencontrer enfin, après 9 mois d'attente, votre bébé ; Avec la seule conviction celle d'affronter son destin de jeune mère et de réaliser que dans 48h j'aurais mon bébé dans les bras. On dit souvent qu'on a toujours très peur avant d'affronter un grand bonheur... Cette nuit là, j'avais peur... Je finis néanmoins par m'endormir épuisée par mes pensées...


Jeudi 4 Juin à 6h30 : J'ai juste eu le temps d'apercevoir les premiers rayons du soleil qui passaient à travers les stores de ma chambre 1026, avant de me retrouver mouillée de la tête aux pieds. C'est encore couchée que la rupture complète de ma poche des eaux a eu lieu... Le matelas était trempé, et c'est avec une incroyable rapidité que j'ai sauté de mon lit à pieds joints avant de sentir une deuxième vague s'écraser au sol. La quantité d'eau était impressionnante, l’équivalent d'un seau d'eau... Quel réveil ! Cette fois-ci plus de doute, la poche des eaux avait bien rompue. J'ai tiré la sonnette d'urgence, j'étais trempée jusqu'aux os, j'avais froid, je ne savais plus quoi faire... Heureusement les sages-femmes sont arrivées très vite en courant et en me voyant dans cet état elles ont tout de suite compris. Elles ont changé le matelas et les draps plus vite que l'éclair et c'est là que j'ai apprécié être à la maternité pour être aussi bien prise en charge. 
Une heure après la rupture de la poche des eaux, mes contractions avaient commencées, à mon grand soulagement ! Le travail se mettait en place naturellement, j'étais ravie, et je me réjouissais avec bonheur de vivre chaque nouvelle contraction. Mes contractions étaient d'une douleur violente et parfaitement reconnaissable, une douleur semblable à aucune autre. On l'apparente souvent à une douleur de règles, mais pour ma part, je n'ai jamais souffert de mes règles, je n'avais donc aucun objet de comparaison hormis les douleurs que j'avais eu lors de ma cholécystectomie (retrait de la vésicule biliaire). Les premières contractions étaient pour moi très supportables, les sages-femmes ont préféré me laisser en chambre pour le début du travail, car le lit est plus confortable. Mais je ne supportais pas d'être couchée. Je faisais les cents pas dans ma chambre et je tendais au maximum mon dos pour appréhender chaque contraction. N'ayant reçu aucun cours de préparation à l'accouchement, j'improvisais des positions pour canaliser la douleur. J'avais prévenu Léo que le travail avait commencé et c'est vers 12h qu'il pu me rejoindre dans ma chambre pour vivre avec moi l'accouchement. Léo est arrivé le plus vite possible, allant directement en salle de naissance, en panique, il dit aux sages-femmes : « Bonjour, je suis M.Vauclin, où est ma femme ? Elle est en train d'accoucher ! » Les sages-femmes interloquées lui disent : « Non, M.Vauclin votre femme n'est pas en train d'accoucher et elle en est loin, elle est dans sa chambre, vous pouvez la rejoindre ». C'est ainsi que j'ai retrouvé Léo au beau milieu de mes contractions. Son arrivée me donna une force énorme, je n'avais jamais été aussi heureuse de le revoir : c'était mon sauveur, mon soutien, je savais qu'avec lui à mes côtés maintenant tout se passerait bien, j'étais confiante et on commençait à rêver à notre fils qu'on allait bientôt pouvoir serrer dans nos bras  Vers 14h mes contractions commençaient à se rapprocher, elles duraient environ 1 minute toutes les 3/4 minutes. J’avais clairement mal à ce moment là mais la douleur était « supportable » car on a un répit entre chaque contraction et surtout, on sait que bébé arrive donc c’est de la bonne douleur. Je demandais à consulter mon col, j'étais à 4, on me demanda quel était mon projet d'accouchement et si je souhaitais prendre la péridurale maintenant. J'expliqua donc mon projet d'un accouchement « naturel », que je ne souhaitais pas prendre la péridurale. Alors on me laissa en chambre jusqu'à 16h. 
A 16h, on consulta à nouveau mon col, la situation n'avait pas évolué, et j'étais toujours à 4... Pourtant mes contractions étaient beaucoup plus douloureuses et elles ne cessaient de s'intensifier. On me donna des techniques de respirations, des mots à prononcer comme le : « SSSSTTTTT » en serrant les dents ou le « OOOO - AAAA », pour détendre le col et accompagner au mieux mon bébé. On me proposa ensuite de passer sous la douche avec un ballon de grossesse. 
C'est à partir de là que l'expérience de mon accouchement a vraiment commencé. Me voici donc sous la douche, parfaitement nue devant le regard de mon mari... Dis comme ça, la scène parait complément loufoque, mais il y a cela de magique dans l'accouchement, c'est qu'au comble de la douleur, le corps cesse d'être un tabou ! Les barrières sociales sautent, et il n'a a plus aucune pudeur... Vous n'êtes plus vous-même, à ce moment précis vous êtes déjà en train de changer et de vous préparer à devenir mère. Mallory la sage-femme me montre comment bien utiliser le ballon de grossesse. C'est ainsi que je commence à me masser le bas ventre et a faire des mouvements sur le ballon sous une eau bien chaude. Je sens mon bébé descendre, je sens mon corps se détendre mais les contractions commencent sérieusement à être douloureuses, je sens brûler mon bas ventre, mon dos... mes contractions poussent très violemment sur mon rectum et c'est presque insoutenable... Pour éviter un accouchement précoce sous la douche, Mallory me fait sortir rapidement et me fait passer en salle de naissance.


Arrivée dans la salle de naissance, Mallory tamise la pièce et allume le poste de musique diffusant ainsi une musique zen de relaxation. Mallory est aux petits soins et elle me crée un véritable petit cocon, un havre de paix... La pièce est fraîche, et un doux parfum de fleur s'en dégage. Je suis confiante, malgré la douleur je sais que dans ces conditions tout va très bien se passer : pas de cris, pas de stress, pas d’angoisse, nous sommes dans une atmosphère très douce et agréable. Nous rigolons, nous discutons... Mallory s'absente, elle me laisse profiter de cette atmosphère avec Léo à mes côtés. On écoute la musique avec Léo, on rigole. C’est vraiment une belle journée ! Toujours debout et dans l'impossibilité de me coucher, je vis chaque contraction pendue au cou de Léo... J'accompagne mon bébé, je l'aide à descendre par le poids et avec la force de gravité... La chaleur corporelle de Léo me soulage, me rassure et m'aide à retrouver mon souffle entre chaque contraction : cette douleur est une vague incessante qui vous fait boire la tasse, qui vous fait glisser dans les méandres des fonds marins, et où il faut trouver la force de garder la tête hors de l'eau. Je piétine ! Depuis ce matin : 6h30, je suis debout, je piétine... Je sens mon corps se fatiguer au fur et à mesure des contractions... C'est idiot mais à cet instant je réalise que j'ai mal aux pieds et aux jambes d'avoir autant piétiné... Je suis fatiguée... Mallory vient nous retrouver afin de consulter à nouveau mon col : il est 18h et je suis à 8cm ! Je suis tellement heureuse, ça avance bien ! En 2h je suis passé de 4cm à 8cm, j'explose de joie et je me regonfle d'espoir et de courage ! J'ai tellement hâte de rencontrer notre fils, nous sommes si proches de cette fabuleuse rencontre ! Léo s'exclame : « 8cm et toujours pas de péridurale ! Tu es formidable ! ». Moi j'envisage très sérieusement mon accouchement naturel à présent ! Je suis tellement heureuse d'avoir parcouru déjà tout ce chemin !
Mallory annonce à Léo que si il souhaite il peut aller chercher nos portables pour faire des photos, je sens que le moment se rapproche et je me concentre à nouveau sur mes contractions. Mallory et une autre sage-femme décide alors de me soulager par un procédé naturel, afin que je me repose un peu et afin de m'aider à dilater plus amplement mon col. Elles me proposent donc du gaz hilarant (: protoxyde d'azote), c'est un gaz qui a des propriétés anesthésiantes et il est administré par inhalation. Ainsi Mallory me cale bien sur le lit et me couche sur mon flanc gauche et me donne un masque dans lequel je dois respirer. Je commence la respiration lente et profonde dans le masque. L'effet n'est pas immédiat, il a fallut quelques minutes avant que je sente une douce chaleur se répandre dans mon corps, un sentiment de bien-être profond... Je continue la respiration pensant qu'il y allait y avoir un « Stop », j’inhale à ne plus en pouvoir... La vague de bien-être m'envahit, je pars, je pars, je pars... Je pars très loin ! Je n'ai ni chaud, ni froid ; je n'ai pas faim, je n'ai pas soif, je n'ai plus mal... Mon Dieu ! Je ne souffre plus ! En réalité je ne sens absolument plus mon corps... Je flotte, je vole, je plane tellement que tout me semble lumineux : Le soleil ! J'entends la petite voix de Mallory qui tente de me rattraper : « Mme Vauclin ! Mme Vauclin ça va ?! Restez avec nous ! Mme Vauclin... » Je trouve la force de répondre : « Mon Dieu ! C'est trop bien ! Ah je me sens trop bien... Putain je suis défoncé ! Je plane ! », et là j'entends une explosion de rire autour de moi ! Léo s'exclame : « Elle ne boit pas, elle ne fume pas, alors là bien sûr ça fait effet ! ». L'ambiance est si chaleureuse dans la salle de naissance. Tout le monde oeuvre dans le même but, dans le même espoir voir naître ce cher bébé tant attendu.
On me laisse reprendre mes esprits et reprendre mes contractions par la même occasion, et c'est à quatre pattes que je reprends le travail, car la position allongée est toujours affreusement douloureuse pour moi. J'espère que mon col s'est dilaté car j'avoue que la douleur commence sincèrement à être invivable... Je sens mon bébé très bas dans mon ventre, je sens mes hanches se détendre, les contractions sont insupportables... Je pousse, je ne peux pas m'empêcher de pousser, c'est irrésistible, et chaque fois que je pousse c'est mon corps tout entier qui se déchire... Je souffre le martyre et pourtant on me répète de ne pas pousser... Toutefois, je ne peux pas faire autrement... La vague s'est transformé en aigle... Cet aigle affamé dévorant inlassablement le foie de Prométhée... C'est une véritable torture... Mallory décide donc de me coucher à nouveau sur le lit et elle pratique sur mes pieds des points d'acupression... ça me soulage, je sens même mon col s'ouvrir et se dilater, c'est impressionnant... Elle reconsulte mon col : 8cm... toujours 8cm... il est 20h... mon col n'a absolument pas bougé... pas un seul centimètre supplémentaire... Je suis épuisée... Je n'en peux plus... Mallory doit partir et rentrer chez elle, c'est la fin de son service... Mais elle me dit qu'elle est confiante et  qu'elle veut voir naître ce bébé. Elle décide donc de rester avec nous une heure de plus. Elle ne cesse de me dire que c'est bien ce que je fais, que je suis très courageuse, elle m'encourage car elle sent dans mon regard une certaine déception... Mallory pense que c'est probablement parce que ma vessie est pleine que mon col n'arrive plus à se dilater... Pour ma part, je suis incapable de dire si j'ai envie d'aller aux toilettes ou pas... Mon corps est tellement en souffrance que je ne ressens plus aucune sensation... On m'apporte le plat bassin... Mais je suis incapable d'uriner... Le temps me semble interminable, j'essaie de me reconnecter à mon corps, j'essaie tant bien que mal de vider cette foutue vessie... en vain ! Je suis complètement bloquée, on finira pas me sonder pour vider ma vessie...
Il est 21h... Mallory doit rentrer chez elle. C'est exténuée que je lui dis au revoir et je la remercie du fond du cœur pour tout le travail, le soutien qu'elle m'a apporté depuis ce matin. La nouvelle équipe de sage-femme arrive... Je souffre tellement que je suis incapable de retenir leurs prénoms. L'une d'entre elle consulte mon col, je suis toujours à 8cm... Rien ne bouge, la situation semble complément bloquée... La sage-femme regarde où se trouve mon bébé et le verdict tombe : Notre bébé a la tête légèrement relevé vers le col, ce qui l'empêche de bien appuyer et de dilater le col : A chaque contraction mon bébé cogne contre le haut de mon col, ce qui me provoque une douleur incommensurable. Je suis désespérée... Je regarde Léo les yeux remplis de larmes... Je n'en peux plus ! La douleur est telle que j'ai l'impression que mon corps tout entier va m'abandonner... Je vais mourir ?! Je n'ai plus la force de me battre... Je vois Léo baisser les yeux ; il s’assoit et avale son 8ème café de la journée. Les sages-femme lui apporte une compote pour l'aider à tenir, car elles savent que le travail va encore être long... Léo avale très rapidement sa compote et vient me tenir la main... Je pleure de douleur, il me chuchote : « Tu vas y arriver ! Tu es la meilleure », je fais un signe négatif de la tête, il me répond par un hochement de tête. Si lui a toujours cru en moi... Moi a cet instant précis, je n'y crois plus... Les sages-femme m'explique que dans mon cas, il serai préférable de prendre la péridurale, que cela va me soulager, et me permettre de reprendre des forces avant la délivrance ; que ça évitera à notre bébé de se fatiguer davantage et qu'il risque prochainement ne plus supporter les contractions et être en souffrance... Une nouvelle contraction me saisit : elles sont tellement fortes et rapprochées ! J'ai une contraction toutes les 30 secondes et elles durent environ 1 minute... Je n'arrive plus à reprendre mon souffle, je n'arrive plus a respirer, à contrôler cette douleur insoutenable.... Je panique ! Une nouvelle contraction vient me secouer, j'hurle à la mort : « Léo ! Appelle ! Appelle les anesthésistes ! ». Impossible de me relever de mon lit, c'est en fauteuil roulant qu'on me transporte dans la salle pour la pose de la péridurale.


Je suis tellement diminuée, je ne suis plus moi... au fond de moi j'ai honte... honte d'abandonner la bataille si proche du but, mais je pense à la santé de notre fils, et je fini par me dire que c'est plus raisonnable ainsi. Arrivée dans la salle, on me met sur le visage un masque en prévention du coronavirus. Léo aussi enfile son masque... J'ai chaud, je suffoque... avoir des contractions, un col dilaté à 8cm, ne plus réussir à respirer avec un masque sur le visage : j'étais au comble du mal-être... On me prépare pour la péridurale (moi qui ai toujours eu extrêmement peur de la pose de la péridurale, j'étais sur le seuil...). On m'explique qu'il faut faire le dos rond, qu'il faut avoir à la fois le dos souple et résistant... « Pardon ?! Mais je n'ai pas compris... Souple et résistant à la fois ?! » Mon Dieu, j'ai tellement peur de mal faire... et si je faisais mal ?! J'ai trop mal pour comprendre ce qu'on m'explique... Je me mets en position et c'est à cet instant que je constate que la sage-femme en face de moi, n'est personne d'autre que Blandine, la sage-femme qui m'avait consulté la veille afin de savoir si j'avais bien fissuré ma poche des eaux. Elle m'aide à courber le dos, il faut avouer qu'avec ce gros ventre rond ce n'est pas évident... L'anesthésiste me fait une première piqûre anesthésiante et m'informe qu'il va procéder à la pose de la péridurale... et ce dont j'avais le plus peur et arrivé : J'ai une contraction ! J'hurle : « J'AI UNE CONTRACTION ! », j'attrape sans réfléchir les avants-bras de Blandine et on se regarde intensément dans les yeux... Je ne peux pas décrire ce qu'il s'est passé entre nous à ce moment... c'était tellement intense ! L’anesthésiste m'informe que ça y est, c'est fait ! Je ne ressens pas tout de suite les effets de la péridurale mais après 10 minutes, je me rend compte que mes contractions ont disparu... C’est dingue ce ressenti une fois que la péridurale agit, de la pure magie. Je ressentais seulement une contraction sur 3 et la 3ème était une vague douleur de ventre... C'est fou à quel point ça soulage ! A partir de là, mon accouchement fut un vrai parcours de santé. J'avais une péridurale à télécommande qui me permettait de gérer ma douleur et j'étais contente car je sentais encore tout mon corps et même mes jambes. Léo s'assoit, on prend le temps de discuter, on se retrouve, on rêve à notre bébé... j'arrive à tenir de nouveau une conversation, je revis ! Pour tout vous avouer nous nous sommes mêmes assoupis... Oui j'ai dormi une heure ou deux en plein travail grâce à la péridurale. C'est impressionnant à quel point c'est efficace. Ce sommeil m'a vraiment permis de reprendre des forces et de me reconstruire. Les sages-femmes m'avaient installé dans la position latérale pour dormir (: sur le coté la jambe droite un peu en hauteur) pour faire descendre encore un peu le bébé afin de commencer à pousser qu’au dernier moment et me permettre de me reposer en même temps.
Il est 23h00, les sages-femmes viennent nous retrouver. Elles regardent le monitoring qui diffuse les battement de cœur de notre bébé, et elles constatent qu'il y a quelques irrégularités... par précaution elles appellent le médecin... Le médecin arrive... J'ai peur, j'ai peur que des complications interviennent, j'ai peur d'un accouchement en urgence avec forceps ou ventouse... Le médecin n'est pas inquiet, tout va bien pour notre bébé... Je suis soulagée ! J'ai tellement envie de le rencontrer, que je demande à reconsulter mon col, mais les sages-femme me disent qu'on a le temps, que je dois encore me détendre et me reposer... A ce moment là j’ai tellement hâte, je suis impatiente, je me sens de nouveau d'attaque et je n'ai qu'une seule envie c'est de rencontrer notre fils. Je regarde Léo est je lui dis : « Tu verra, notre petit Lucien va naître le 5 Juin, nous allons passé minuit ». On patiente et je me repose... Léo me dit : « Amandine, ça y est nous avons passé minuit », je souris, je suis tellement heureuse, le chiffre 5 étant un de mes chiffres porte-bonheur : Quelle jolie date de naissance que le 05 Juin 2020 ! Mon fils sera donc bien un petit gémeaux ! Je réalise...
Les sages-femmes reviennent dans la salle de naissance, cette fois-ci elles consultent mon col : 10cm ! Ça y est ! Enfin ! 10cm nous y sommes ! Je regarde Léo, mon bonheur est indescriptible. C’est le moment il faut que je donne tout ! Les sages-femmes se préparent : Blandine et 2 autres sages-femme ainsi que Léo sont là pour m'accompagner dans cette importante étape de la délivrance. Elles m'expliquent comment bien pousser car n'ayant pas eu de cours de préparation à l'accouchement, j'ai peur de ne pas savoir... Mais le fait d'avoir vécu mes contractions de façon « naturelle » tout au long de la journée m'a vraiment permis de comprendre comment fonctionne mon corps et surtout comment accompagner mon bébé vers la sortie. Ce fut une excellente école, si bien que la délivrance fut très rapide.
On me demanda dans quelle position je souhaitais accoucher, et je choisis la position gynécologique, c'est la position qui me semblait la plus facile et surtout celle où j'aurai le plus de force pour pousser avec mes abdos. La pièce était sombre, on me mit un énorme spot blanc comme éclairage, j'étais aveuglée, j'étais dans une bulle, je ne voyais plus rien... C’est fou à quel point ça a été rapide et à quel point ça m’a paru durer une éternité… Je poussais de toutes mes forces ! J'entends encore aujourd'hui la voix des sages-femmes me crier : « Oui c'est bien ! C'est parfait Mme Vauclin ! Continuez Mme Vauclin ! Oui poussez ! C'est vraiment bien ce que vous faites ! »  C'était vraiment comme dans les films. Léo me soulevait la tête, je ne voulais plus m'arrêter de pousser, on me disait de relâcher mais j'étais tellement déterminé que je voulais continuer... On me fit toucher la tête de mon bébé, c'est fou la force que ça m'a donné ! J'y étais ! Lucien était là, au bout de mes doigts ! J'étais une lionne, j'étais tellement concentré que pas un seul son ne sortait de ma bouche ! Je poussais en silence encore et encore... et tout d'un coup, Blandine s'écria : « Arrêtez de pousser Mme Vauclin ! ».
Ça y est !  Lucien est né ! Il est 1h45 et Lucien s'est mit a pleurer tout de suite. On me le déposa sur le ventre, mon cœur explose d’amour, je suis au comble du bonheur ! C’est magique, c’est un véritable coup de foudre ! Je regarde Léo toujours à côté de moi : il avait les yeux remplis de larmes, un sourire immense aux lèvres ! Je pouvais lire dans son regard tout son amour, sa joie, son bonheur et sa fierté en découvrant notre fils : Lucien ! Je crois que c'est la plus belle image que je garderai de cet accouchement. Lucien prends doucement son souffle sur mon ventre : La vie ! J'avais la vie entre mes bras : cet incroyable miracle qu'est la naissance d'un enfant après avoir frôlé la mort... L'accouchement a cela de fascinant : de sublime et d'effrayant qu'inlassablement votre corps vacille entre la vie et la mort... Il n'y a rien de plus beau, de plus grand que de donner naissance : C'est le don de soi le plus complet et le plus pure ! Je me souviens du moindre détail, de toutes les sensations. Je n’ai eu aucune douleur, je l’ai juste senti naître et tout cela dans le calme, la joie et l’amour.
On me laisse presque 2h en peau à peau avec Lucien. Lucien trouve tout de suite mon sein, et nous faisons la tétée de bienvenue, je suis sous le charme ! Il est tellement beau ! Il ouvre déjà ses petits yeux et il nous découvre ! J'oublie tout ! Je ne prête d'ailleurs pas attention aux sages-femme qui sont en train de me recoudre... On m'expliqua ensuite que j'ai eu une déchirure à la lèvre droite au moment de l'expulsion. Bien sûr, je sens les fils, je vois l'opération se pratiquer mais je ne souffre pas... Je suis tellement en admiration devant Lucien que la terre aurait pu s'arrêter de tourner, je ne m'en saurai pas aperçu. Léo procède ensuite avec la sage-femme aux premiers examens : ils le mesurent, le pèse : 51 cm pour 3,370kg, il est en parfaite santé !
Léo commence alors le peau à peau avec Lucien... mais Lucien a froid, sa température a chuté... on le met sous couverture chauffante contre son père... moi j'ai tout juste le temps de comprendre que Lucien perds en température, que mon corps m'abandonne... ... ...
Les sages-femmes me secouent, me soulèvent les jambes, j'entends leurs voix très lointaine dans un premier temps et revenir par écho me percuter l'oreille : « Mme Vauclin ! Mme Vauclin ! Que se passe t'il ? ».  Je rouvre les yeux et je comprends que j'ai fait un malaise... Je regarde Léo, il était terrifié... On me donne un petit jus d'orange pour me requinquer ! J'avale tout et je comprends que j'avais faim... je n'avais rien avalé depuis le mercredi 3 juin à 19h... Je me sentais terriblement faible mais j'étais heureuse, Lucien était là, il était en parfaite santé et sa température était remontée ! Léo l'habilla avec la sage-femme... et il le déposa dans son berceau ! Mon Dieu, je meurs d'amour, il est si beau !
On me raccompagna dans ma chambre en fauteuil roulant, suivi de Léo poussant le berceau de Lucien : Nous sommes le Vendredi 5 Juin 2020 à 5h30 l'accouchement est officiellement terminé et je retrouve enfin ma chambre 1026 après 19h15 de travail. Un véritable marathon, un ascenseur émotionnel, où nous avons obtenue la plus belle des récompenses à la fin du parcours.

A 1h45, par une nuit de pleine lune, nous sommes devenus parents de notre petit Lucien dans la douceur et l’amour.  Durant tout le déroulement de l'accouchement, j'étais confiante, sereine, calme, j’ai écouté les sages-femmes, elles ont été d’un réel soutien pendant ces 19h de travail et d’accouchement. Sans leur aide j’aurai pu flancher à tout moment mais elles ont su, me motiver et me préparer afin que tout se passe parfaitement bien.
Aujourd'hui, un mois après cet événement je peux dire que j’ai vécu un accouchement plus que parfait ! Je ne regrette absolument rien : je ne regrette pas son déroulement et surtout je ne regrette pas d'avoir pris la péridurale au dernier moment. J'ai donné tout ce dont mon corps et mon amour pouvaient offrir, j'ai tenté d'aller jusqu'au bout des choses...
Lucien notre fils ; fruit de notre amour avec Léo. Ce bébé que j'apprends à connaitre chaque jour, qui me surprends, qui me rends plus que forte, plus confiante, plus responsable et qui me rend meilleure de jour en jour, câlins après câlins, baisers après baisers....





Mon Lucien, je t'aime démesurément.


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